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moi, je ne crois pas trop au libre arbitre.
Je sais que parfois on a à faire des choix mais que la plupart du temps, > on agit selon nos envies, nos passions.
Je sais que je peux agir comme ceci ou comme cela selon mon bon vouloir, mais je sais aussi que je suis que je peux pas décider de ce que je vais vouloir.
Pour être heureux, moi j’aimerais bien avoir d’autres désirs.
Si mon désir c’était de travailler à Domino’s Pizza, je serais super-heureux parce que dans notre monde, ça, c’est facile !
Il y a des trucs contre lesquels notre volonté n’a aucune influence, je ne peux pas me réveiller un matin et décider de me mettre à aimer Michel Sardou.
J’aimerai bien, mais ce serait aller contre tout ce que je suis.
Or, ce que je suis, si je prends un peu de hauteur, je me dis que c’est le produit d’un parcours particulier, qui m’a façonné, et que j’aurais du mal à me façonner dans l’autre sens par la seule force de ma volonté.
Jamais je ne chanterai du Sardou en travaillant à Domino’s Pizza parce que rien, dans mes désirs, ne m’y pousse.
« — Quand je pense à mes faits et gestes, je me vis comme cartésien et non pas comme spinoziste. Spontanément, je veux dire. C’est quand je me reprends par après, que je me dis “voilà, je peux reconstituer ce qui m’a déterminé à faire ceci ou cela”. »
Voilà un petit schéma. [Affiché en vidéo]
En gros, pour prendre une décision, c’est comme ça qu’on procède.
On évalue une situation et on suit notre désir le plus fort.
Ce peut être le désir ce poursuivre un bien ou celui d’éviter un mal.
Alors on peut réfréner certains désirs, mais c’est donc qu’on a un autre désir, celui d’éviter le mal que pourrait engendrer la poursuite de notre désir original.
Et s’il y a bien une chose sur laquelle on n’a aucun pouvoir, c’est bien sur la production de ces désirs.
Ces désirs sont par l’extérieur.
Le désir, c’est toujours : le désir « de » quelque chose.
« — Spinoza prend à rebrousse-poil parmi nos habitudes de pensé les plus invétérées et en particulier, celles que nous avons tous, qui consistent à nous croire libres d’arbitre, souverains dans nos décisions, autonomes de volonté etc. »
« — Le fameux “C’est mon choix” ! »
« — Et ça, si vous voulez, nous sommes tous des petits cartésiens à l’état pratique. »
C’est quoi, un « petit cartésien » ?
C’est quelqu’un qui postule, comme Descartes, la liberté du sujet, qui pense que l’esprit commande au corps et que la conscience librement effectue des choix en usant de la raison.
Des sciences existent, qui peuvent nous permettre d’expliquer d’où nous viennent les choses que l’on a dans la tête, comment se construisent ces désirs et ces peurs qui nous poussent à agir de telle ou telle façon.
Des sciences dures, comme les neurosciences qui font le pont entre notre état biologique, les structures de notre cerveau et nos actions ; et les sciences humaines comme l’histoire ou la sociologie qui mettent à jour les structures que les peuples ont construites au fil de siècles pour organiser la vie en société.
L’État, la religion, le patriarcat, le travail ou la famille sont autant de structures vont nous déterminer profondément, que nous désirs nous poussent à nous construire avec ou contre elles, c’est toujours par rapport à elles que nous allons nous situer, souvent sans en avoir tout à fait conscience.
« — Il y a une charge de scandale intellectuel dans la philosophie de Spinoza qui est énorme et je me souviens d’une amie qui m’avait dit une fois : “C’est vrai que ça suppose une conversion intellectuelle” et c’est exactement le mot. »
Si ce sont les structures qui agissent par nous et sur nous, alors que reste-t-il du sujet, de la responsabilité ?
Elle est là la charge de scandale.
^cite