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up:: UT UFR ST pédagogie par compétences #fac #apprendre
Nous avons appris durant la dernière réunion du conseil que l'université souhaitait mettre en place un système de pédagogie par compétences. Je voudrais vous présenter mes réflexions, avec beaucoup d'humilité, puisque je n'ai aucune qualification justifiant l'importance des mes opinions sur le sujet.
Je voudrais commencer par définir deux mots : qualification et compétence.
- Une qualification est la capacité à effectivement réaliser une tâche ; c'est un savoir-faire
- Une compétence, au contraire, est la capacité à s'adapter dans une situation professionnelle, face à une nouvelle situation, et dans une hiérarchie ; c'est un savoir-être. Les deux aspects sont importants mais différents.
La pédagogie devrait être basée sur les qualification plutôt que les compétences
Comme je l'ai expliqué, une compétence n'est pas un savoir-faire, mais un savoir-être. Il est important d'enseigner aux étudiants des compétences, qui leur permettront de s'intégrer dans le milieu du travail ; cela est faît notamment avec des stages. Cependant je pense que l'Université doit former théoriquement, car la théorie est nécessaire. Il me semble donc que, plutôt que de proposer une approche par compétences, il devrait être proposé une approche par qualifications.
Le problème de la pédagogie par compétences est qu'elle ne porte plus sur des savoirs ou des savoirs-faire : ceux-ci ne sont plus que des "ressources" que l'étudiant doit "mobiliser". Il n'est d'ailleurs même pas nécessaire de "posséder" ces savoir. Beaucoup d'auteur insistent sur le fait que, dans cette pédagogie, la tâche à réaliser doit être inédite, ce qui signifie finalement que l'on pose des questions non pas sur ce qui à été appris, mais sur ce qu'on est censé déduire soi même de ce qui à été appris.
Le fait de noter des compétences est aussi problématique car le savoir-être nécessite la connaissance de codes sociaux qui sont principalement enseignés par les parents. La pédagogie par compétences augmente donc les discrimination basées sur les classes sociales.
Le fait de donner des compétences individuelles divise
La pédagogie par compétences est axée sur les résultats individuels plutôt que sur les savoirs. Plutôt que de former un corps (une promotion, et plus tard un corps de métier), chaque élève possède des compétences individuelles. Il existe des systèmes dont le but est la réussite de l'entièreté du groupe (par exemple les techniques Freinet), ce n'est pas le cas de l'approche par compétences, qui cherche à diviser les élèves.
Je suis convaincu que l'université doit être un lieu de partage et de fraternité. La pédagogie par compétences s'oppose à cela.
La pédagogie par compétences n'est pas nouvelle
La pédagogie par compétences est parfois décrite comme un "nouveau paradigme pour l'enseignement". L'idée qu'il soit nouveau rend attrayant ce système. Cependant il à en fait été développé dès les années 70, et particulièrement dans les années 90 dans des pays non-francophones.
- Marketting autour de ce système (vidéos et articles de présentation)
Notes :
- développé dans les années 70 pour l'enseignement professionnel
- Dès les années 90 pour l'école, notamment au pays-bas
Changer de système pédagogie demande beaucoup d'efforts et de temps
Peut être que les efforts pourrait être dirigés vers des actions comme l'amélioration du système actuel sans changement de paradigme. Je pense que les enseignants apprécieraient d'avoir du temps pour préparer au mieux leurs cours, voire être formés à des techniques de pédagogies, plutôt que de l'utiliser à changer tout le système pour donner au final les mêmes cours.
Les avantages donnés à la pédagogies par compétences peuvent être implémentés indépendemment
Les principales qualités données à la pédagogie par compétences sont :
- Modularité, flexibilité (aller au rythme des étudiants)
- Mise en situation avec du sens (ce qui permet plus d'implication de l'étudiant)
- Identification du type d'erreurs et réponse adaptée de l'enseignant
Modularité, flexibilité (aller au rythme des étudiants)
Il est tout à fait possible de diviser les enseignements sans passer par un système de compétences. Si le but est, comme il l'a été dit dans la précédente réunion, d'éviter les profils "type AJAC", il faudrait soit stopper complètement la modularité, soit aller plus dans ce sens, par exemple en autorisant à faire plus de modules en une année.
La pédagogie par compétences ne permet de toute façon pas d'avoir plus de modularité si on ne la fait pas reposer sur un système qui est lui-même modulaire.
Mise en situation avec du sens
Permettre de donner du sens à l'apprentissage via des mises en situation serait une des forces de la pédagogie par compétences. Je pense que la pédagogie par compétences n'est pas non plus Les stages et autres expériences en alternance sont aussi un exemple. Je pense que le fait de donner du sens aux enseignement est très efficace, mais les enseignants présents ici pourront sûrement témoigner du fait qu'ils le font déjà très bien sans avoir besoin d'un paradigme de pédagogie différent.
Identification du type d'erreurs et réponse adaptée de l'enseignant
Une dernière qualité attribuée à la pédagogie par compétences est le fait de pouvoir repérer les faiblesses de chaque étudiant et de pouvoir adapter son enseignement en conséquence. Je pense que les enseignants sont assez intelligents pour pouvoir le faire sans avoir besoin d'une grille de compétences. De plus, le fait d'adapter l'enseignement à chaque élève dépend surtout des ressources disponibles, notamment en termes de nombre d'enseignants par élèves.
Le choix devrait être laissé au enseignants et étudiants
Le fait de laisser le choix aux étudiants peut être questionné, il serait dans tous les cas intéressant d'avoir leur avis — ceci dit il est difficile de se faire un avis.
Les enseignants ont la liberté pédagogique
Je ne suis pas bien sûr de comprendre pourquoi ce changement de système est proposé, mais il semble que ni les enseignants eux-mêmes, ni le présent conseil n'en soient à l'origine.
Il me semble important de rappeler que la loi garantit aux enseignants du supérieur une liberté pédagogique au même titre qu'elle garantit aux chercheurs leur indépendance. Il ne devrait donc pas être possible d'imposer aux enseignants ce changement si ils ne souhaitent pas le mettre en place. (Du mois c'est ce que j'ai compris du code de l'éducation et du droit constitutionnel).
Conclusion
Je suis convaincu que l'université à pour but de transmettre des savoir, et non de classer les élèves selon des compétences. J'ai conscience que le manque de ressources et le système imposé ne le permettent pas ; au contraire, ils cherchent à créer une hiérarchie entre les élèves. Les enseignants sont en permanence dans une injonction contradictoire entre le fait de faire réussir tous les élèves, et le fait de donner des notes, de juger les élèves. Des éléments de langage ont été créés pour essayer d'expliquer ce système contradictoire, comme "l'égalité des chances", la chance étant par définition inégale.
- l'APC est une mauvaise réponce à un vrai problème
Notes
- on peut déjà critiquer les "compétences transversales" dans le système actuel